T Pas Cap, agence conseil dédiée à la sensibilisation
et formation au handicap, à la diversité
et à la qualité de vie au travail.

Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées

Handicap en entreprise : vers une réforme du modèle ?

La Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées 2017 (SEEPH 2017) se referme. 

Les semaines du handicap se succèdent et ne se ressemblent pas. Ce fut une belle semaine avec de beaux échanges, de belles rencontres, avec des rires, du bonheur, de la joie, de l’amour, avec des pleurs parfois, avec des paroles qui se libèrent, avec des belles prises de conscience, avec des savoirs être et faire qui s’améliorent, avec toujours un peu plus d’humanité. Mais aussi avec des peurs, avec des craintes, avec des comportements parfois très loin de l’inclusion, des réactions parfois difficiles. 

Tout cela pour dire que la SEEPH est encore, malheureusement, très utile cependant les lignes bougent. Certes, parfois trop lentement. Et dans certaines entreprises il reste encore beaucoup à faire. D’un autre côté des entreprises sont exemplaires. Des salariés et managers aussi. Au-delà du handicap et de la diversité, elles et ils portent en eux de vraies vision, pour un monde meilleur ou la différence, la diversité, ce n’est plus mettre des individus dans une catégorie. En effet, c’est le grand paradoxe de la diversité qui en essayant de faire progresser l’inclusion, réduit en même temps la singularité d’une personne à une catégorie en l’enfermant dans un stéréotype. 

Problème de vocabulaire ? Le diversité ne rime pas toujours avec inclusion (cela fera l’objet d’un autre article).

Cela crée forcément de tentions de peur d’être débordé par l’identité de l’autre, par sa différence.

Il nous faut encore plus de diversité même si les germes de la discrimination sont portées en elle. Certaines entreprises y arrivent et elles découvrent que cette diversité est source de performance, de bien être pour l’entreprise mais aussi pour ses collaborateurs. La SEEPH peut être critiquée mais ses effets sont positifs et permettent le questionnement. Ce ces questions que je souhaite aujourd’hui partager avec vous pour aller plus loin, vers un changement de modèle.

Mais avant cela je souhaite tout d’abord remercier ces formidables clients qui nous ont fait confiance encore cette année.

Tout d’abord Airbus qui depuis 4 ans nous fait confiance pour des interventions riches, innovantes qui nous poussent dans nos limites mais nous voyons concrètement les résultats avec 2 à 3000 salariés sensibilisés tous les ans, avec une vraie volonté de faire changer les comportements, d’innover, de mettre au centre l’être humain, avec toujours plus d’inclusion et des équipes avec lesquels c’est un bonheur de partager et d’échanger. Je sais qu’il nous reste encore 2 semaines d’interventions sur de nombreux sites, mais en grand merci à Laurence Bouquet et Yoann Lacan, vous faites un formidable travail.

Merci, à Alten, Bouygues Immobilier, FAF TT, EDF, Mr BricolageMonext, Orange, et Solvay.

Cette année nous avons traités grâce à vous des sujets multiples : la diversité de manière générale, les maladies dysimunitaire, la maladie de Crohn, les troubles anxieux, le handicap psychique, le handicap moteur, les handicaps invisibles, les TMS, les origines et conséquences du handicap, la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), le dyslexie, le retour à l’emploi, le cancer, le diabète, le sexisme ordinaire en rapport avec le handicap, la surdité, la malvoyance, l’inclusion et de nombreuses autres notions.

Mais tout cela ne serait pas possible sans cette formidable équipe de T Pas Cap qui a un talent exceptionnel, toujours prête pour surmonter les défis, donner le meilleur, reconnaître quand elle a des faiblesses et qu’elle ne sait pas, trouver des solutions, mais surtout qui sait partager, libérer la parole toujours avec de l’humour, de la considération pour l’autre. J’ai beaucoup de chance de vous avoir autour de moi. Un grand merci à toutes et tous !

Bref un bilan plus que positif pour cette SEEPH 2017 , une envie d’avancer de partager intacte, mais beaucoup de questions aussi. Je vous livre ci-dessous mes quelques réflexions.

SEEPH 2017 : vers la fin et la réforme d’un modèle ?

La SEEPH, c’est un moment fort dans l’année pour sensibiliser au handicap les salariés, managers et impliquer ses équipes et au-delà pour promouvoir la diversité et l’inclusion dans les organisation et en dehors. De belles initiatives sont créées par de nombreuses entreprises. D’autres entreprises ne communiqueront pourtant pas ou très peu pendant cette semaine. Il y a de vrais différences entre secteurs d’activités et taille d’entreprise.  Depuis début septembre je me pose de nombreuses questions sur cette SEEPH.

Si tout le monde s’accorde pour dire que le handicap c’est toute l’année et pas seulement pendant la SEEPH, c’est comme toutes ces « semaines » ou « journées de »…il y a quand même un effet d’opportunité qu’il faudrait transformer. Plutôt que de voir le verre à moitié vide, mieux vaut le voir à moitié plein et se dire que c’est déjà bien que les entreprises organisent des actions de sensibilisation et de communication autour du handicap ; ne serait-ce qu’une journée pendant la semaine, cela permet de parler du handicap de revenir sur certains préjugés. Et nous avons vu de beaux résultats pour cette SEEPH 2017. Alors oui, il faut que cet événement perdure mais il y a beaucoup de choses à changer, notamment la saisonnalité des événements de sensibilisation et de communication au handicap.

Les constats

Depuis 2009, avec mes équipes je m’investis pour essayer de faire avancer le handicap en entreprise, changer les comportements, ouvrir les consciences, donner des solutions aux équipes pour qu’elles soient plus performantes et avoir un autre regard sur le handicap. Certaines entreprises sont exemplaires et derrière ces entreprises, des femmes et des hommes qui font extrêmement bien leur travail, changent peu à peu leurs sociétés et la société. Alors on continue à faire le job, car c’est utile et que même si on avance parfois que pas à pas, on avance. En effet, on peut se dire qu’au final certaines entreprises jouent le jeu et qu’elles sont porteuses d’innovation. Mais depuis des années, je fais les mêmes constats à l’approche de la SEEPH et pendant celle-ci, et peut-être même encore plus en 2017 :

  • Pour encore trop d’entreprises et de dirigeants, le handicap et la SEEPH c’est s’acheter une bonne conscience , entendez « le handicap n’a pas sa place en entreprise » ;
  • Beaucoup d’entreprises n’ont pas de réelle politique handicap, et encore moins de vision de ce que la diversité peut leur apporter en terme de performance ;
  • Les événements de sensibilisation au handicap sont décidés à la dernière minute  et une fois l’an pour cette 3ème semaine de novembre; c’est bien mais il faut décloisonner,
  • Certains collaborateurs, pour la plupart RH, en charge de ces questions ne sont pas bien formés au handicap ;
  • Des chargé(e)s de mission handicap compétents n’ont pas les moyens d’engager des actions porteuses de sens et de valeurs pour leur entreprises, bien souvent car on ne leur donne pas les moyens financiers ou que la direction de leur entreprise ne les accompagnent pas sur ces enjeux (quand ils ne souhaitent pas uniquement obtenir une baisse de leur DOETH);
  • Le handicap fait toujours peur à certains collaborateurs;
  • Le handicap est un mot qui a un consonance négative.

 

Et dans tout cela, ce qui me choque le plus ce sont ces entreprises qui a à peine une ou deux semaines de la SEEPH vous appelle pour vous demander des conseils, des devis pour des ateliers de sensibilisation au handicap et qui ne se donne pas les moyens de leurs ambitions. Combien de fois n’ai-je pas entendu : « On a besoin de plus de Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) , mais le handicap ça fait peur et on n’arrive pas à progresser. 

On paye trop ». Alors on conseille, on fait de la pédagogie, on explique, on passe du temps avec des interlocuteurs qui ont souvent envie de faire bouger les choses, on propose des solutions créatives, des formats éprouvés, efficaces qui permettent de libérer la parole et de faire augmenter le taux d’emploi et le nombre de RQTH. Mais très souvent c’est une perte de temps car on ne passe pas au niveau hiérarchique supérieur, que nos interlocuteurs n’ont pas la capacité ou ne savent pas faire passer leurs messages. Et pourtant ce n’est pas faute de proposer d’intervenir « gratuitement » auprès de comités de directions. Et pourtant je n’arrive pas à voir les choses de manière négative, car même à la dernière minute, on arrive à faire de belles créations, de belles sensibilisations, à toucher et j’ai envie vous dire, oser, sortez de vos conditionnements, écoutez, partagez.

Et c’est là que je rejoins de nombreuses voix de professionnels s’élèvent pour réformer le modèle, plus particulièrement depuis le mois de septembre et d’autant plus après cette SEEPH 2017.

30 ans après la loi du 2 juin 1987 qui a :

 

  • mis en place pour toutes les entreprises de plus de 20 salariés une obligation de résultat d’embaucher 6% de travailleurs handicapés au sein de leur effectif,
  • instaurée une contribution financière pour les entreprises ne respectant pas ce seuil,
  • et mis en place un système paritaire innovant pour gérer ce fond en créant l’AGEFIPH,
  • le système est à bout de souffle malgré la nouvelle loi du 11 février 2005 qui a déjà 12 ans et a renforcé la contribution financière des entreprises. (Pour lire un comparatif entre la loi de 1987 et 2005.)
infographie emploi et handicap en France

Alors quels constats après cette SEEPH 2017 ?

  • Les besoins de financement ne baissent pas et sont de nature différente par rapport à 1987 et 2005,
  • Le quota de 6% de travailleurs handicapés n’a pas atteint les objectifs recherchés : le taux d’emploi augmente mais le nombre de chômeurs handicapés ne diminue pas,
  • La disparition des moyens financiers de l’Agefiph et du Fiph a un impact sur l’accompagnement des entreprises et des travailleurs handicapés dans l’emploi et dans l’entreprise,
  • Certaines entreprises sont exemplaires mais restent encore trop peu nombreuses et il est beaucoup plus facile de mettre en place une politique handicap pour les grands comptes que pour le TPE/PME,
  • La DOETH est perçue comme une contrainte par certaines entreprises, n’ayant pas compris que diversité et inclusions sont sources de performances (certaines entreprises préférant payer que de mettre en place une politique handicap),
  • Les personnes en situation de handicap ont toujours autant de mal à faire une reconnaissance en qualité de travailleur handicapés (RQTH)
  • Le handicap fait toujours peur car il n’y a pas assez d’actions de sensibilisation (on a peur que de ce qu’on ne connait pas),
  • Certains dirigeants ne veulent pas entendre parler de handicap et de diversité alors que la diversité est source de performance.
kits sensibilisation au handicap

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